Comment construire la maison de vos rêves ? L’habitat que vous (et vos proches) désirez doit-il être réalisé par des professionnels ou peut-il être autoconstruit ? L’autoconstruction désigne l’action, pour un particulier, de construire sans l’aide de professionnels.

Les raisons d’autoconstruire ne manquent pas : écologiques, économiques, éthiques. Nous allons voir, dans cet article, que l’autoconstruction de votre habitat est envisageable mais qu’elle n’est ni simple ni sans risques. En effet, autoconstruire sa propre maison est plus complexe et contraignant que fabriquer soi-même un outil ou une machine. C’est une véritable aventure.

Motivations et avantages de l’autoconstruction

Autoconstruire la maison de ses rêves peut être une bonne idée mais ce n’est pas une mince affaire. Beaucoup de détails sont à prendre en considération et c’est parfois l’aventure d’une vie ! Néanmoins, les motivations et les avantages peuvent valoir le coup de persévérer :

  • Le plaisir de construire son lieu de vie selon ses envies et à son propre rythme. Se prouver qu’on en est capable de le faire soi-même (principe du DIY : Do It Yourself) ou avec ses proches ; prendre le temps de chercher des solutions, les tester, s’améliorer, réaliser quelque chose de concret.
  • Le web recèle des trésors de tutoriels, manuels, guides et fiches en tous genres. Il existe des sites et des forums d’entraide. Des associations prêtent du matériel et fournissent formations et conseils. Bref, les informations et les éléments nécessaires à la réussite semblent à portée de mains.
  • Le désir de faire ensemble, construire avec son compagnon ou sa compagne, aidé par des amis ou des parents. Autoconstruire, c’est d’abord construire une communauté. L’autoconstruction est une aventure faite d’entraide et de solidarités. En revanche, autoconstruire seul multiplie les risques d’échecs.
  • Les gains financiers peuvent s’avérer intéressants car vous allez payer uniquement les matériaux nécessaires à la construction et non la main d’œuvre. Que ce soit en amont de la construction (acheter son terrain et concevoir ses propres plans) ou lors de la réalisation elle-même, il est possible de restreindre le budget (mais pas le temps).

Les étapes indispensables de l’autoconstruction

Prendre la décision d’autoconstruire sa maison doit être le fruit d’une réflexion aboutie, d’une grande recherche d’informations et d’une stratégie d’entraide. Sinon, les difficultés risquent de vite s’accumuler. Une fois ces éléments acquis, nous pouvons distinguer plusieurs grandes étapes :

  • Étape 1 : acquérir un terrain (si vous n’en possédez pas). Vous pouvez acheter un terrain en cash, obtenir un prêt foncier d’une banque ou acheter un terrain auprès du vendeur avec le financement du propriétaire. Dans tous les cas, il vous faudra (demander à la mairie) un permis de construire.
  • Étape 2 : concevoir des plans. Le permis de construire se compose d’un formulaire administratif et d’un dossier où il faudra mettre vos notes, croquis et plans. Vous trouverez sur Internet des plans téléchargeables et modifiables ; pensez aussi aux logiciels de modélisation.
  • Étape 3 : acquérir le matériel nécessaire à la construction. Pour cela, il vous faudra faire un inventaire des outils et matériaux obtenus gratuitement et de ceux restant à acheter.
  • Étape 4 : répartir les rôles. Il est physiquement peu concevable de tout faire tout seul ! L’organisation des tâches à accomplir mais aussi des statuts est primordiale. En effet, pour un prêt foncier, les banques demandent souvent un constructeur et/ou un superviseur…
  • Étape 5 : vérifiez votre assurance. Il faut que vous ayez une assurance pour la construction (de « dommages-ouvrage ») couvrant les risques de blessures lors des chantiers. Il faudra aussi penser à l’assurance habitation.
  • Étape 6 : maîtriser le temps et les coûts. La gestion optimale de votre projet d’autoconstruction nécessite un calendrier réaliste et souple mais aussi une fourchette budgétaire fiable. N’oubliez pas que les gains financiers se payent en temps à consacrer.
  • Étape 7 : se raccorder aux réseaux. Même si vous êtes parvenus à tout autoconstruire, il vous faudra faire appel à des techniciens pour être fourni en eau, électricité et Internet.

Les principaux risques liés à l’autoconstruction

Afin de minimiser les risques, il s’agit d’être bien organisé et très rigoureux. Mais même ainsi, vous devrez probablement faire face à certains écueils :

  • Risques administratifs. Vous devez respecter les règles d’urbanisme qui s’imposent pour obtenir le permis de construire (auprès de la mairie). Celui qui décide de réaliser des travaux d’autoconstruction, devenant maître d’ouvrage, doit souscrire une assurance de dommages obligatoire, dite de « dommages-ouvrage », et son coût n’est pas négligeable. En outre, les assureurs rechignent à couvrir des chantiers réalisés en autoconstruction comme les banquiers renâclent à prêter aux autoconstructeurs…
  • Risques matériels. Savoir bien orienter une maison n’est pas facile. La répartition des espaces ou l’organisation des pièces non plus. Les professionnels ont des années d’études et d’expériences pour leur permettre de faire les bons choix. Se tromper à ce sujet peut engendrer un coût supérieur à l’économie du concepteur. Attention aussi à la durabilité : certains matériaux ne se vendent que dans les réseaux professionnels et sont de meilleure qualité que ceux pour les particuliers.
  • Manque de temps. Déjà, il faut pouvoir se libérer d’autres obligations chronophages. Souvent, les délais sont dépassés. L’équipe d’autoconstructeurs (couple, amis, famille, etc.) doit faire l’épreuve d’une aventure de plusieurs mois ou plusieurs années… Sur une période si longue et difficile, il peut arriver que les liens se rompent. Vivre et construire ensemble longtemps nécessite confiance, persévérance et souplesse.
  • Manque d’énergie. L’autoconstruction d’une maison est un projet contraignant physiquement et psychiquement. Cela nécessite du courage et des compétences mais, surtout, de la force et une santé à la hauteur. Sur les chantiers, il y a le risque d’accidents. Finalement, certains autoconstructeurs abandonnent par épuisement.

L’autoconstruction reste une bonne idée si vous êtes organisé, persévérant et bien entouré. L’idéal est d’avoir, parmi ses proches, des professionnels du bâtiment ou des techniciens. Dans tous les cas, un tel projet nécessite beaucoup de temps, d’énergie et de compétences partagées. Cette aventure peut amener de grandes joies et une immense satisfaction.

Mais les risques sont nombreux. Il faudra accepter de faire des compromis pour surmonter les difficultés. Afin de vous aider, il existe aussi l’opportunité des chantiers participatifs. C’est une manière conviviale de consolider votre équipe et de reprendre de l’énergie.